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title=(Tremblements et rigidité sous médicaments : 4 effets à surveiller)
description=(👉 Votre proche tremble ou devient rigide depuis un nouveau médicament ? 4 effets extrapyramidaux à reconnaître. Conseils d'un gériatre pour agir vite.)
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====== Tremblements et rigidité sous médicaments : 4 effets à surveiller ======
Points clés
✅ Certains médicaments provoquent des tremblements, raideurs ou mouvements anormaux chez les personnes âgées\\
\\
✅ Ces effets sont 5 fois plus fréquents après 75 ans qu'en population générale\\
\\
✅ 4 types de symptômes à reconnaître : crampes soudaines, agitation, ralentissement, mouvements involontaires\\
\\
✅ Ces troubles sont parfois réversibles à l'arrêt ou au changement du médicament responsable, parfois ils sont irréversibles\\
\\
✅ Consultez rapidement : ne jamais arrêter un traitement seul. Préférez signaler tout symptôme à votre médecin
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Urgence : quand appeler le médecin immédiatement ?
**Appelez le 15 ou consultez en urgence si votre proche présente :**
• Difficulté soudaine à respirer ou avaler\\
• Fièvre élevée avec rigidité musculaire intense\\
• Spasmes musculaires violents du cou ou de la mâchoire\\
• Impossibilité totale de bouger\\
\\
Ces signes peuvent indiquer une complication grave nécessitant une prise en charge immédiate.
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===== Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus sensibles à ces effets ? =====
Avec l'âge, le cerveau devient plus vulnérable aux effets de certains médicaments. Les récepteurs cérébraux qui contrôlent les mouvements diminuent naturellement au fil du temps. Résultat : des traitements bien tolérés à 50 ans peuvent provoquer des symptômes gênants après 75 ans.
Ces effets indésirables, appelés "syndromes extrapyramidaux" par les médecins, touchent le système qui contrôle nos mouvements. Ils ressemblent parfois à la maladie de Parkinson, ce qui crée de l'inquiétude dans les familles. Pourtant, contrairement à Parkinson, ces troubles sont souvent causés par un médicament et peuvent disparaître, ou sont susceptibles de s'améliorer, à son arrêt.
**Le problème** : ces effets restent méconnus et sont parfois confondus avec le vieillissement normal ou une maladie neurologique. Un diagnostic précis permet d'éviter des traitements inutiles et de retrouver une meilleure qualité de vie.
===== Les 4 types d'effets à reconnaître =====
==== 1. Les crampes et spasmes musculaires soudains (dystonies) ====
**Quand apparaissent-ils ?** Dans les premiers jours suivant l'introduction d'un médicament.
**Comment les reconnaître ?**
* Contraction soudaine et maintenue d'un groupe de muscles
* Le cou se tord d'un côté (torticolis)
* La mâchoire se serre et se bloque (trismus)
* Les yeux se tournent vers le haut
* Le dos se cambre en arrière
**Pourquoi c'est important ?** Ces spasmes sont impressionnants mais réversibles. Ils nécessitent une prise en charge rapide car, dans de rares cas, ils peuvent affecter les muscles de la gorge et gêner la respiration.
==== 2. L'impossibilité de rester en place (akathisie) ====
**Quand apparaît-elle ?** Quelques semaines après le début ou le changement de dose d'un traitement.
**Comment la reconnaître ?**
* Besoin irrépressible de bouger, de se lever
* Sensation d'agitation intérieure difficile à décrire
* La personne se balance, croise et décroise les jambes sans cesse
* Incapacité à rester assise calmement
**Pourquoi c'est important ?** L'akathisie est souvent confondue avec de l'anxiété ou de l'agitation. Cette confusion peut conduire à augmenter le médicament responsable, aggravant ainsi le problème. Elle provoque une grande souffrance et peut mener à un état dépressif.
==== 3. Le ralentissement et la rigidité (parkinsonisme) ====
**Quand apparaît-il ?** Progressivement, dans les semaines ou mois suivant l'introduction du traitement.
**Comment le reconnaître ?**
* Tremblements des mains, parfois de la tête
* Raideur des bras et des jambes
* Ralentissement des gestes quotidiens
* Visage moins expressif
* Difficultés à se lever d'une chaise
* Marche à petits pas, traînante
* Troubles de l'équilibre
**Pourquoi c'est important ?** Ces symptômes ressemblent à la maladie de Parkinson. Seul un médecin peut faire la différence. Le parkinsonisme médicamenteux est possiblement réversible ou améliorable.
==== 4. Les mouvements involontaires de la bouche et du visage (dyskinésies tardives) ====
**Quand apparaissent-ils ?** Après plusieurs mois, voire années de traitement.
**Comment les reconnaître ?**
* Mâchonnements répétitifs, bouche vide
* Mouvements de la langue (entrées-sorties)
* Grimaces involontaires
* Parfois mouvements des bras ou du tronc
**Pourquoi c'est important ?** Ces mouvements sont très gênants socialement et peuvent perturber l'alimentation. Ils sont plus difficiles à faire disparaître que les autres effets, d'où l'importance de les repérer tôt.
===== Quels médicaments sont concernés ? =====
Les principales familles de médicaments à surveiller
**Risque élevé :**\\
• Antipsychotiques (neuroleptiques) : halopéridol, rispéridone, olanzapine...\\
• Anti-nausées : métoclopramide (Primpéran®), métopimazine (Vogalène®)\\
• Certains anti-vertigineux : flunarizine, cinnarizine\\
\\
**Risque modéré :**\\
• Certains antidépresseurs\\
• Lithium\\
• Acide valproïque (Dépakine®)\\
• Certains médicaments pour le cœur : amiodarone, diltiazem\\
\\
**À savoir** : même des médicaments disponibles sans ordonnance peuvent être concernés (certains antihistaminiques, anti-nauséeux).
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===== Que faire si vous observez ces symptômes ? =====
==== 1. Ne jamais arrêter un traitement sans avis médical ====
Même si vous suspectez qu'un médicament est responsable, l'arrêt brutal peut être dangereux. Certains traitements nécessitent un sevrage progressif.
==== 2. Noter précisément ce que vous observez ====
* Quel symptôme exactement ? (tremblements, raideur, mouvements anormaux)
* Depuis quand ?
* Y a-t-il eu un changement récent de traitement ?
* Les symptômes s'aggravent-ils ?
==== 3. Consulter rapidement le médecin traitant ====
Apportez la liste complète des médicaments, y compris ceux pris sans ordonnance. Le médecin pourra :
* Identifier le médicament responsable
* Adapter le traitement (diminution de dose, changement de molécule)
* Prescrire un médicament correcteur si nécessaire
* Orienter vers un spécialiste en cas de doute
==== 4. Demander un avis gériatrique ou neurologique si besoin ====
Dans certains cas, des examens complémentaires (imagerie cérébrale, scintigraphie) permettent de différencier un effet médicamenteux d'une maladie neurologique.
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faq=(
Q: Ces effets sont-ils réversibles ?
A: Dans une grande partie des cas, oui. Les symptômes s'améliorent progressivement à l'arrêt ou au changement du médicament responsable. Le délai de récupération varie de quelques jours à plusieurs mois selon le type de symptôme et la durée du traitement. Les dystonies aiguës disparaissent rapidement, tandis que les dyskinésies tardives peuvent mettre plus de temps à s'estomper, parfois partiellement.
Q: Mon père prend un neuroleptique depuis des années sans problème, peut-il développer ces effets maintenant ?
A: Oui, malheureusement. Certains effets, notamment les dyskinésies tardives, apparaissent après des mois ou des années de traitement. Le risque augmente avec l'âge et la durée d'utilisation. C'est pourquoi une surveillance régulière reste importante, même pour des traitements anciens bien tolérés.
Q: Comment différencier ces effets de la maladie de Parkinson ?
A: Seul un médecin peut faire cette distinction avec plus ou moins de certitude. Quelques indices orientent vers un effet médicamenteux : symptômes apparus après introduction d'un traitement, atteinte symétrique (les deux côtés du corps), présence de mouvements anormaux de la bouche. En cas de doute, une scintigraphie cérébrale (DAT-scan ou TEP scan 18F DOPA) permet de trancher.
Q: Les médicaments contre les nausées vendus en pharmacie sont-ils concernés ?
A: Oui, certains anti-nauséeux comme le métoclopramide (Primpéran®) ou la métopimazine (Vogalène®) peuvent provoquer ces effets, surtout chez les personnes âgées. Leur utilisation doit être limitée dans le temps et surveillée. Prévenez toujours votre médecin si vous utilisez ces médicaments.
Q: Que faire si mon proche refuse de consulter malgré des tremblements évidents ?
A: Expliquez calmement que ces tremblements ne sont probablement pas "normaux pour son âge" et qu'ils peuvent être traités. Proposez d'accompagner à une consultation de routine chez le médecin traitant sans mentionner spécifiquement les tremblements. Le médecin saura aborder le sujet. Si le refus persiste et que les symptômes s'aggravent, contactez vous-même le médecin pour signaler la situation.
Q: L'EHPAD de ma mère utilise beaucoup de neuroleptiques, est-ce normal ?
A: Les neuroleptiques sont parfois nécessaires en EHPAD pour gérer certains troubles du comportement sévères. Cependant, leur prescription doit être justifiée, réévaluée régulièrement et la plus courte possible. Vous pouvez demander à rencontrer le médecin coordonnateur et le médecin traitant pour comprendre pourquoi ce traitement est prescrit et quelles alternatives ont été envisagées. La surveillance des effets indésirables fait partie des bonnes pratiques.
)
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===== À retenir : vigilance et dialogue avec le médecin =====
Les effets indésirables des médicaments sur les mouvements sont fréquents chez les personnes âgées et sont souvent méconnus. Tremblements, raideur, agitation ou mouvements involontaires apparus après un changement de traitement doivent toujours alerter.
**Les 3 messages essentiels :**
**1. Observer et noter** → Tout changement dans les mouvements ou la posture de votre proche mérite attention, surtout s'il coïncide avec un nouveau médicament.
**2. Consulter sans tarder** → Plus ces effets sont repérés tôt, plus ils sont faciles à traiter. N'attendez pas que la situation s'aggrave.
**3. Ne jamais arrêter seul un traitement** → Même si vous suspectez qu'un médicament est responsable, seul le médecin peut adapter le traitement en toute sécurité.
**Votre vigilance compte** : vous êtes aux premières loges pour observer les changements chez votre proche. Cette observation attentive, partagée avec l'équipe soignante, permet d'améliorer la qualité de vie et d'éviter des complications.
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===== Pour approfondir =====
**Articles scientifiques associés :**
* Maeker E, Maeker-Poquet B. **Syndromes extrapyramidaux induits par les médicaments.** Neurologie Psychiatrie Gériatrie, 2021. [[/publications/2021/medicaments_extrapyramidal|Lire la publication scientifique]]
* Maeker E. [[https://geriatries.fr/en-geriatrie-les-antipsychotiques-cest-pas-automatique-retour-sur-les-nouvelles-recommandations-de-la-sfgg-fcm-sf3pa/|En gériatrie, les antipsychotiques c'est pas automatique ! Nouvelles recommandations SFGG-FCM-SF3PA.]] 2024.
**Guides connexes :**
* [[grand_public:alzheimer:changements_de_comportement|Changements de comportement après 50 ans : quand s'inquiéter ?]]
* [[grand_public:sante:evaluation_geriatrique|L'évaluation gériatrique : à quoi ça sert ?]]
===== Références =====
* Maeker E, Maeker-Poquet B. Syndromes extrapyramidaux induits par les médicaments. NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie. 2021. DOI: [[https://doi.org/10.1016/j.npg.2021.05.006|10.1016/j.npg.2021.05.006]]
* SFGG, FCM, SF3PA. [[https://geriatries.fr/en-geriatrie-les-antipsychotiques-cest-pas-automatique-retour-sur-les-nouvelles-recommandations-de-la-sfgg-fcm-sf3pa/|En gériatrie, les antipsychotiques c'est pas automatique ! Nouvelles recommandations SFGG-FCM-SF3PA.]] 2024.
* Société Française de Gériatrie et Gérontologie. Recommandations sur les symptômes comportementaux et psychologiques dans les maladies neurocognitives. 2024.
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