Par Dr Éric Maeker, Bérengère Maeker-Poquet • Publié le • Mis à jour le
✅ Les interventions actives (chanter, jouer d'un instrument) sont plus efficaces que l'écoute passive
✅ La musique familière de jeunesse déclenche des souvenirs et stimule la communication
✅ Un musicothérapeute diplômé adapte les séances aux besoins individuels de chaque personne
✅ Cette approche complémente les traitements médicamenteux et soulage aussi les aidants
La maladie d'Alzheimer représente la principale cause de troubles neurocognitifs chez les personnes âgées. Elle affecte une proportion significative de la population mondiale, notamment avec l'allongement de l'espérance de vie. Face à cette réalité, il semble important de trouver des méthodes complémentaires pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes. La musicothérapie en est une. Quels en sont les bénéfices cognitifs et émotionnels ?
La musicothérapie utilise la musique pour répondre aux besoins physiques, émotionnels, cognitifs et sociaux des individus. Cette approche inclut deux types d'activités. Celles où les personnes font de la musique, telles que l'improvisation, le chant ou la danse, et les activités où elles écoutent de la musique pour en identifier le contenu émotionnel. Le thérapeute crée des playlists personnalisées pour chaque personne, en fonction de leurs préférences et de leurs réactions émotionnelles à certains morceaux.
Les musicothérapeutes sont des professionnels formés, titulaires d'un diplôme universitaire en musicothérapie. Ils possèdent des compétences en musique, en psychologie et en techniques thérapeutiques. Cela leur permet d'adapter leurs interventions aux besoins de chaque personne.
La musicothérapie fait partie d'un ensemble plus large d'approches non médicamenteuses utilisées dans la prise en charge de la maladie d'Alzheimer. Ces thérapies visent à améliorer la qualité de vie des personnes et à compléter les traitements médicamenteux traditionnels. Parmi les autres approches couramment utilisées se trouvent :
Chacune de ces approches a ses propres avantages et peut être plus ou moins adaptée à la situation. La musicothérapie se distingue par sa capacité unique à stimuler plusieurs aspects du fonctionnement du cerveau. Elle est bien acceptée et appréciée par les personnes et est facile à mettre en œuvre.
L'intégration de la musicothérapie complète bien la panoplie des actions possibles et personnalisées pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
Des études ont démontré que la musicothérapie améliore le fonctionnement du cerveau des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Les bénéfices se manifestent dans plusieurs domaines :
L'écoute de musique familière stimule les souvenirs et les capacités de verbalisation. Les personnes parlent plus facilement et mémorisent les paroles des chansons par exemple. Une activité courante consiste à faire chanter aux patients des chansons de leur jeunesse, ce qui peut déclencher des souvenirs associés et stimuler la conversation.
Quand les personnes participent de façon active aux sessions de musicothérapie, c'est-à-dire chantent ou jouent d'un instrument, elles activent leur cerveau. Les centres auditifs et émotionnels sont sollicités. Cela améliore leur attention et leur capacité à traiter de nouvelles informations. Un exercice typique pourrait être de suivre le rythme d'une chanson en tapant des mains, ce qui nécessite concentration et coordination.
La musicothérapie est intéressante pour réduire l'agitation, l'anxiété et la dépression. Elle fait naître des émotions positives et améliore l'état émotionnel général. Par ce biais, elle peut aider à soulager les aidants familiaux. Par exemple, l'écoute d'une musique calme avant le coucher peut aider à réduire l'agitation nocturne, un problème courant chez les personnes atteintes d'Alzheimer.
La musique déclenche la libération de dopamine et d'endorphines, neurotransmetteurs associés au plaisir et au bien-être. Cet effet chimique naturel contribue à améliorer l'humeur générale et à créer des moments de joie partagée avec les proches.
Les séances de groupe favorisent les interactions sociales et réduisent l'isolement. Même les personnes ayant des difficultés de langage importantes peuvent communiquer à travers la musique, par des gestes, des sourires ou des mouvements synchronisés avec les autres participants.
Dans les interventions actives, les personnes participent à des activités musicales. Elles jouent d'un instrument ou chantent. C'est avec ce type de travail que les meilleurs résultats sont obtenus. Ces activités impliquent une participation physique et mentale plus intense. Elles stimulent davantage de zones du cerveau. Par exemple, jouer d'un instrument de percussion simple comme un tambourin nécessite une coordination motrice, une attention soutenue et une interaction sociale si l'activité est réalisée en groupe.
Les interventions réceptives, comme écouter de la musique, stimulent le cerveau de manière différente. Elles sont particulièrement bénéfiques pour la relaxation et l'évocation de souvenirs. Par exemple, écouter une playlist personnalisée peut aider à réduire l'anxiété et améliorer l'humeur. Ces interventions sont parfois mieux adaptées aux personnes souffrant d'une maladie avancée.
Les deux types d'interventions ont leur place dans un programme de musicothérapie complet, et le choix dépend des possibilités de la personne et des objectifs.
Vous pouvez intégrer la musique au quotidien (chansons de jeunesse, écoute partagée), mais pour un programme thérapeutique structuré, consultez un musicothérapeute diplômé. Il adaptera les séances aux besoins spécifiques et évitera les approches contre-productives.
Privilégiez la musique de sa jeunesse (15-25 ans), période où les souvenirs musicaux sont les plus ancrés. Évitez les musiques trop complexes ou stressantes. Observez ses réactions : sourire, détente, chant indiquent que le choix est adapté.
L'idéal est 2-3 séances par semaine de 30-45 minutes. La régularité est plus importante que la durée. Même 15 minutes quotidiennes d'écoute de musiques familières apportent des bénéfices mesurables sur l'humeur et l'agitation.
Oui, mais l'approche s'adapte. Aux stades légers-modérés : interventions actives (chant, instruments). Aux stades avancés : écoute passive de musiques apaisantes. Les bienfaits émotionnels persistent même au stade sévère.
Oui, souvent. Même sans passion musicale antérieure, la musique stimule des zones cérébrales préservées dans Alzheimer. Testez différents styles (classique, jazz, chansons françaises) et observez les réactions sur quelques séances avant de conclure.
La musicothérapie se révèle être une intervention complémentaire efficace pour améliorer les capacités d'attention et de mémorisation. Elle permet aussi de créer une forme de bien-être émotionnel chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour optimiser la mise en place de la musicothérapie, les résultats actuels sont très prometteurs et soulignent l'importance de la musique dans la vie des gens.
Il est important de noter que, comme pour toute approche thérapeutique, la musicothérapie dépend de la supervision de professionnels de santé. Avant de commencer un programme de musicothérapie, il est recommandé de consulter le médecin traitant ou un gériatre pour s'assurer que cette approche est adaptée à la situation spécifique de la personne. Cela permettra également d'intégrer la musicothérapie de manière cohérente dans le plan de soins global.