Prévention Alzheimer 2024 : 2 nouveaux facteurs (45% des cas évitables)

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Quoi de neuf en 2024 sur la prévention d'Alzheimer ?

Le rapport 2024 de la Commission Lancet sur les maladies de la mémoire apporte de nouvelles preuves concernant la prévention, l'intervention et les soins de la démence. Alors que l'espérance de vie augmente, le nombre de personnes vivant avec une maladie de la mémoire continue de croître, même si l'incidence liée à l'âge diminue dans les pays à revenu élevé. Cela souligne l'importance d'identifier et de mettre en œuvre des approches de prévention efficaces.

Un premier article qui détaille les 12 facteurs de risque validés en 2020 est à votre disposition sur le site :

Le présent article se concentre sur les mises à jour des facteurs de risques de maladies de la mémoire validés dans l'article majeur du Lancet cité en référence.

Environ 45% des cas des maladies de la mémoire seraient potentiellement évitables.
– The Lancet, 2024

Un potentiel de prévention encore plus important qu'estimé

Selon les estimations de la Commission, environ 45% des cas de ces maladies de la mémoire seraient potentiellement évitables en agissant sur ces 14 facteurs de risque modifiables à différents stades de la vie. Cette proportion importante souligne le potentiel considérable de la prévention pour réduire le fardeau de ces maladies à l'échelle mondiale.

Les 2 nouveaux facteurs de risque identifiés en 2024

La Commission ajoute deux nouveaux facteurs de risque modifiables pour les maladies de la mémoire :

Ces facteurs s'ajoutent aux 12 déjà identifiés précédemment :

1. La perte de vision non traitée

La perte de vision non traitée apparaît comme un facteur de risque important pour le déclin cognitif et les maladies de la mémoire. Plusieurs mécanismes potentiels expliquent ce lien :

Des études ont montré qu'une correction adéquate des troubles visuels (par exemple, par le port de lunettes adaptées ou une chirurgie de la cataracte) peut améliorer la fonction cognitive et réduire le risque de développer une maladie de la mémoire.

2. Un taux élevé de cholestérol LDL

Le cholestérol LDL élevé, souvent appelé “mauvais cholestérol”, est désormais reconnu comme un facteur de risque indépendant pour les maladies de la mémoire. Son impact se manifeste par plusieurs voies :

Des études longitudinales ont établi une association entre des taux élevés de cholestérol LDL en milieu de vie et un risque accru de maladies de la mémoire plus tard. La gestion précoce du cholestérol, par des changements de mode de vie ou des traitements médicamenteux si nécessaire, pourrait donc jouer un rôle primordial dans la prévention.

Pourquoi ces nouveaux facteurs sont-ils si importants ?

L'identification de ces deux nouveaux facteurs de risque modifiables est particulièrement importante car :

L'intégration de ces facteurs dans les stratégies de prévention pourrait contribuer de manière significative à réduire le fardeau global des maladies de la mémoire dans les années à venir.

Quelles interventions sont prometteuses en 2024 ?

Le rapport met en avant plusieurs interventions prometteuses pour prévenir ou retarder l'apparition des maladies de la mémoire :

Avancées dans le diagnostic précoce

La Commission souligne également les progrès réalisés dans le domaine des biomarqueurs pour la détection précoce de la maladie d'Alzheimer :

Ces avancées ouvrent la voie à un diagnostic plus précis et plus précoce qui permettrait une prise en charge plus rapide, plus précoce et plus efficace.

Traitements modificateurs de la maladie

Le rapport fait état des progrès récents au sujet des traitements modificateurs de la maladie d'Alzheimer, en particulier les anticorps monoclonaux. Ce sont des traitements qui ciblent la protéine bêta-amyloïde. Bien que ces traitements montrent des résultats prometteurs, leur efficacité clinique et leur rapport bénéfice-risque restent à confirmer sur le long terme.

 

Questions fréquentes

Dois-je faire vérifier ma vue même si je vois bien ?

Oui, après 50 ans, un contrôle ophtalmologique tous les 2 ans est recommandé même sans symptômes. Certains troubles (glaucome, DMLA précoce, cataracte débutante) passent inaperçus mais impactent déjà le cerveau. La correction précoce protège vos fonctions cognitives.

Mon cholestérol LDL est à 1,6 g/L, dois-je m'inquiéter pour ma mémoire ?

Un taux >1,6 g/L (4,1 mmol/L) en milieu de vie (40-60 ans) augmente le risque d'Alzheimer ultérieur. Consultez votre médecin pour évaluer votre risque cardiovasculaire global. Souvent, modifications alimentaires et activité physique suffisent. Si antécédents familiaux, traitement médicamenteux peut être nécessaire.

Combien de facteurs de risque puis-je modifier en même temps ?

Commencez par 1-2 facteurs les plus accessibles pour vous. Exemple : corriger vue (ophtalmo) + augmenter activité physique (marche 30 min/jour). Puis ajoutez progressivement : contrôle tension, réduction alcool, appareils auditifs. Chaque facteur corrigé réduit votre risque, même sans tout changer d'un coup.

Ces nouveaux facteurs remplacent-ils les anciens ou s'y ajoutent-ils ?

Ils s'y ajoutent. On passe de 12 à 14 facteurs modifiables. Les 12 précédents restent valides et importants. Perte vision et cholestérol LDL viennent compléter notre arsenal préventif. Plus on agit sur de facteurs, plus l'effet protecteur est important.

À quel âge le cholestérol LDL est-il le plus dangereux pour le cerveau ?

Le cholestérol élevé entre 40-60 ans (milieu de vie) est le plus délétère. C'est à cette période qu'il faut absolument le contrôler. Après 75 ans, le lien cholestérol-Alzheimer est moins clair. D'où l'importance d'un dépistage et traitement précoces, dès la quarantaine.

 

À retenir : un espoir croissant dans la prévention

Le rapport 2024 de la Commission Lancet sur les maladies de la mémoire apporte un nouvel espoir dans la lutte contre ces maladies. Il souligne l'importance de la prévention et l'identification précoce (c'est-à-dire le plus tôt possible) de facteurs de risque modifiables. Les avancées dans le diagnostic précoce et les traitements potentiels ouvrent de nouvelles perspectives, même si de nombreux défis persistent.

La mise en œuvre de stratégies de prévention efficaces, l'amélioration de l'accès aux soins et le soutien aux personnes atteintes de ces maladies et à leurs aidants restent des priorités essentielles pour faire face au défi mondial qu'elles représentent.

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Références

À propos des auteurs

Dr Eric MAEKER
Dr Eric MAEKER
Médecin Gériatre
Médecin gériatre et psychogériatre, spécialisé en soins palliatifs gériatriques. Fondateur et président de l'association Emp@thies dédiée à l'humanisation des soins. Membre des comités pédagogiques de l'Université Sorbonne. Auteur de publications scientifiques sur l'empathie médicale, les troubles neurocognitifs et la communication thérapeutique. Directeur de plus de vingt mémoires universitaires.

Bérengère MAEKER-POQUET
Bérengère MAEKER-POQUET
Infirmière Diplômée d'État
Infirmière diplômée d'État avec plus de quinze ans d'expérience hospitalière. Co-fondatrice et secrétaire de l'association Emp@thies. Co-auteure de publications scientifiques sur l'empathie médicale, l'annonce diagnostique et les soins centrés sur la personne. Formatrice en soins relationnels et accompagnement humaniste des personnes âgées.

 

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