Nos conseils pour créer un environnement apaisant et réduire l'agitation liée aux maladies de la mémoire

Auteurs et références

  • Dr MAEKER Eric
    • Médecin gériatre et psychogériatre, France.
  • MAEKER-POQUET Bérengère
    • Infirmière diplômée d'État, France.
  • Les auteurs ne déclarent aucun conflit d'intérêts.

Introduction

Les personnes vivant avec une maladie de la mémoire sont souvent très sensibles à leur environnement. Créer un cadre de vie apaisant contribue à minimiser l'agitation, à réduire les comportements difficiles et à améliorer la qualité de vie. Un environnement calme aide aussi à réduire la confusion et favorise la concentration. Dans cet article, nous partageons nos conseils pratiques pour adapter le domicile et en faire un havre de paix pour une personne vivant avec une maladie de la mémoire.

1. Impliquer la personne : l'empathie au cœur de l'aménagement

Avant toute modification de l'environnement, il est pertinent d'inclure la personne vivant avec une maladie de la mémoire dans le processus de décision et d'adaptation.

Conseils pour une approche centrée sur la personne

  • Discutez avec elle de ses préférences, de ses besoins et de ses habitudes.
  • Observez ses réactions face à différents stimuli dans son environnement actuel.
  • Proposez des changements progressifs et demandez son avis à chaque étape.
  • Respectez ses choix, même s'ils diffèrent de ce que vous pensez être le mieux.
  • Soyez flexible et prêt à ajuster les modifications en fonction de ses retours.

Cette approche empathique et collaborative permet à la fois de créer un environnement plus adapté et permet de préserver la dignité et l'autonomie de la personne ce qui renforce son sentiment de contrôle et de bien-être.

2. Réduire le bruit ambiant

Le son, y compris le bruit de fond, peut causer un stress important chez une personne vivant avec une maladie de la mémoire. Une réverbération excessive du son risque de créer un effet qui favorise la désorientation et l'agitation.

Astuces pour réduire le bruit

  • Introduisez des matériaux absorbants le son et des tissus d'ameublement doux, comme des rideaux.
  • Si le bruit extérieur devient trop important, fermez les fenêtres.
  • Envisagez l'installation de double vitrage pour réduire davantage le bruit extérieur.
  • Attention cependant, le silence total peut aussi être créer de la confusion. Un léger bruit de fond doux, comme une radio familière à faible volume qui diffuse de la musique douce et des conversations calmes, peut avoir un effet bénéfique.

3. Décorer avec soin

L'aménagement intérieur peut involontairement être en partie responsable du stress chez les personnes vivant avec une maladie de la mémoire.

Points d'attention pour la décoration

  • Les miroirs peuvent être source de confusion : la personne risque de confondre son reflet avec un étranger qui l'observe. Envisagez de retirer les miroirs ou de les couvrir avec un store enroulable quand ils ne sont pas utilisés. Sinon placez-les à des endroits stratégiques.
  • Les reflets dans les fenêtres la nuit, causés par les lampadaires, peuvent être interprétés comme quelqu'un regardant à l'intérieur. Tirez les rideaux dès la tombée de la nuit pour éviter cela.
  • Choisissez des couleurs contrastées entre les murs et les sols. La différence nette entre les deux couleurs aidera la personne à mieux se repérer dans l'espace, ce qui aura tendance à réduire les risques de désorientation ou de chute.

4. Améliorer l'éclairage

Un bon éclairage est incontournable pour les personnes vivant avec une maladie de la mémoire, qui sont souvent âgées et peuvent avoir des difficultés de vision.

Conseils pour un meilleur éclairage

  • Gardez toutes les pièces “utiles” bien éclairées.
  • Privilégiez la lumière naturelle autant que possible.
  • Pour l'éclairage électrique, optez pour des ampoules à forte puissance ou à puissance variable pour créer des ambiances différentes selon la routine quotidienne.
  • Soyez attentif au positionnement des lampes et des éclairages au plafond : les zones d'ombre et de lumière peuvent perturber ou effrayer une personne vivant avec une maladie de la mémoire.
  • Évitez les ombres qui pourraient être mal interprétées et causer de la détresse.

5. Aménager un coin détente personnel

Que la personne vive dans un établissement de soins ou en famille, il est important qu'elle dispose d'un endroit où se retirer lorsqu'elle se sent stressée ou anxieuse. Cette endroit pourra aussi lui servir de zone de ressourcement.

Aménager un coin détente

  • Cet espace n'a pas besoin d'être grand : un fauteuil confortable et une petite table peuvent suffire.
  • L'essentiel est que ce soit un lieu calme, séparé de l'agitation du reste de la maison.
  • C'est un endroit où la personne peut se détendre et éventuellement s'adonner à des activités au calme, comme la peinture ou des puzzles adaptés.

6. Faciliter la localisation des objets

Pour une personne vivant avec une maladie de la mémoire, perdre des objets peut être extrêmement stressant. Cette difficulté à retrouver les choses du quotidien peut engendrer de la frustration, de l'anxiété et un sentiment de perte de contrôle, ce qui accentue l'agitation et le mal-être.

Astuces pour organiser l'espace

  • Assurez-vous que les objets sont faciles à trouver et à portée de main.
  • Placez des étiquettes sur les placards, indiquant ce qu'ils contiennent.
  • Envisagez de remplacer les portes de placard pleines par des portes vitrées pour que tous les objets à l'intérieur soient visibles.
  • Ces mesures encourageront l'indépendance de la personne dans la mesure du possible et aideront à éliminer le stress lié à la recherche d'objets.

7. Créer un environnement de stimulation sensorielle contrôlée

La stimulation sensorielle adaptée peut avoir un effet apaisant et bénéfique sur les personnes vivant avec une maladie de la mémoire.

Suggestions pour une stimulation sensorielle positive

  • Installez un diffuseur d'arômes avec des huiles essentielles apaisantes comme la lavande ou la camomille.
  • Intégrez des textures variées et agréables au toucher dans l'environnement, comme des coussins doux ou des plaids confortables.
  • Créez un petit jardin sensoriel ou un coin de plantes d'intérieur pour stimuler les sens de manière douce et naturelle.
  • Utilisez une fontaine d'intérieur ou un enregistrement de sons de la nature pour créer une ambiance sonore relaxante.

8. Établir des routines et des repères visuels

Les routines et les repères visuels peuvent contribuer à réduire l'anxiété et l'agitation chez les personnes vivant avec une maladie de la mémoire. Elles sont recommandées et détaillées dans un autre de nos articles : 6 bienfaits d'une routine quotidienne pour les personnes âgées.

Conseils pour instaurer des routines apaisantes

  • Créez un emploi du temps visuel clair et simple pour les activités quotidiennes.
  • Utilisez des photos ou des pictogrammes pour indiquer l'utilisation des différents espaces de la maison.
  • Établissez des rituels apaisants pour les moments clés de la journée, comme le coucher ou les repas.
  • Installez une grande horloge analogique facile à lire et un calendrier bien visible pour aider à la perception du temps.

Conclusion

Créer un environnement calme et adapté joue un rôle central dans le bien-être des personnes vivant avec une maladie de la mémoire. En appliquant ces conseils - réduire le bruit, décorer avec soin, améliorer l'éclairage, aménager un coin détente accueillant, faciliter la localisation des objets, offrir une stimulation sensorielle contrôlée et établir des routines avec des repères visuels - vous pouvez considérablement améliorer leur qualité de vie.

Il est cependant essentiel de garder à l'esprit que chaque personne est unique, et ce qui fonctionne pour l'une peut ne pas convenir à une autre. Certaines de ces suggestions, bien qu'utiles dans de nombreux cas, peuvent parfois s'avérer contre-productives. Par exemple, des portes de placard vitrées peuvent faciliter la recherche d'objets, cependant elles peuvent aussi inciter à les sortir et les éparpiller. Il est donc utile d'observer les réactions de la personne à chaque modification, de tester ces propositions une par une, et de les adapter en fonction des résultats obtenus. L'objectif est de trouver un équilibre entre un environnement structuré et la liberté de la personne.

Par ailleurs, ces modifications de l'environnement, lorsqu'elles sont judicieusement appliquées et ajustées, peuvent contribuer à réduire l'agitation, à favoriser l'autonomie et à créer un cadre de vie plus serein et sécurisant. Gardons quand même à l'esprit que le facteur le plus important reste l'implication active de la personne vivant avec une maladie de la mémoire dans ce processus d'adaptation. Cette approche centrée sur la personne garantit que les changements répondent véritablement à ses besoins et préférences, renforçant ainsi leur efficacité et contribuant à maintenir son sentiment de dignité et d'autonomie.

N'hésitez pas à consulter un gériatre pour obtenir des conseils personnalisés adaptés à votre situation spécifique. Leur expertise vous aidera à mettre en place les solutions les plus appropriées et à les ajuster au fil du temps en fonction de l'évolution des besoins de la personne.

Références

  • Société Française de Gériatrie et de Gérontologie, Fédération des Centres Mémoire, Société Française de Psychogériatrie et de Psychiatrie de la Personne Âgée. Nouvelles recommandations pour la prise en soins des Symptômes Psychologiques et Comportementaux (SPC) dans les maladies neurocognitives. Sept 2024. Lien


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