L’empathie est une compétence professionnelle fondamentale des soignants. Son développement est continu tout au long de leur parcours de formation puis au cours de leur pratique. Dans une revue systématique de la littérature accompagnée d’une méta-analyse, Jeremy Howick et coll. s’intéressent à la façon dont les professionnels de la santé expriment leurs aptitudes empathiques et font ressortir la question du temps. Quel est le temps nécessaire pour établir une relation soignant soigné empathique ? De combien de temps les soignants disposent-ils pour concrétiser cette approche singulière ? D’un autre côté, et particulièrement en gériatrie et dans les services de psychogériatrie, les comportements empathiques, ou visant à favoriser une relation sur cette base, tiennent une place centrale du soin en particulier avec l’existence de troubles neurocognitifs. Ceux-ci d’ailleurs influencent la perception du temps jusqu’à presque le désarticuler. Ainsi est posé la question, côté soigné comme soignant, le temps est-il un obstacle à l’empathie clinique ?
Une revue de la littérature scientifique sur la question du temps et de l’empathie dans les soins est menée dans la base de données PubMed depuis sa création à mai 2021. Elle est agrémentée de références spécifiques.
De nombreuses questions émergent de cette analyse. Elles touchent en premier lieu aux définitions : de l’empathie, de sa déclinaison clinique et du temps. Le deuxième versant interroge l’intérêt de la réflexion sur l’empathie dans les soins par la recherche de ses effets bénéfiques et ses points de vigilance, particulièrement en gériatrie et psychogériatrie. Enfin, dans une troisième partie, les liens qui unissent l’empathie clinique au temps sont questionnés, et plus spécifiquement les freins et les facilitateurs potentiels à la mise en œuvre de l’empathie dans les soins.
Cette réflexion d’ordre scientifique et éthique cherche à identifier les interactions qui existent entre le temps, les aptitudes et approches empathiques des soignants. Elle permet d’établir une meilleure compréhension de ces problématiques en vue de l’élaboration de guidances spécifiques visant à renforcer l’approche empathique des soignants. Elle pourrait se poursuivre par la réalisation d’une étude des freins et des facilitateurs à un comportement empathique et objectivable chez les soignants en gériatrie grâce à la mise en cohérence d’éléments à analyser.
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