Les risques sont particulièrement élevés dans les populations socialement défavorisées, notamment dans les groupes ethniques noirs, asiatiques et minoritaires.
À l’échelle de la population
Stratégies ciblées sur les individus
Contexte : Les preuves sur la prévention de la maladie d’Alzheimer (MA) sont difficiles à interpréter en raison de la diversité des plans d’étude avec des critères d’évaluation hétérogènes et de leur crédibilité. Nous avons effectué une revue systématique et une méta-analyse des preuves actuelles avec des conceptions prospectives pour proposer des suggestions fondées sur des preuves sur la prévention de la MA.
Méthodes : Les bases de données électroniques et les sites Web pertinents ont été consultés du début au 1er mars 2019. Des études prospectives observationnelles (EPO) et des essais contrôlés randomisés (ECR) ont été inclus. Les estimations des effets ajustés à plusieurs variables ont été regroupées par des modèles à effets aléatoires, avec une évaluation de la crédibilité en fonction du risque de biais, d’incohérence et d’imprécision. Les niveaux de preuve et les catégories de suggestions ont été résumés.
Résultats : Un total de 44 676 rapports a été identifié, et 243 EPO et 153 ECR étaient éligibles pour une analyse après exclusion sur la base de critères prédéterminés, à partir desquels 104 facteurs modifiables et 11 interventions ont été inclus dans les méta-analyses. Vingt et une suggestions sont proposées sur la base des preuves consolidées, avec des suggestions de classe I ciblant 19 facteurs : 10 avec des preuves solides de niveau A (éducation, activité cognitive, indice de masse corporelle élevé dans la vie tardive, hyperhomocystéinémie, dépression, stress, diabète, traumatisme crânien, hypertension dans la quarantaine et hypotension orthostatique) et 9 avec des preuves de niveau B plus faibles (obésité du milieu de vie, perte de poids à la fin de la vie, exercice physique, tabagisme, sommeil, maladie cérébrovasculaire, fragilité, fibrillation auriculaire et vitamine C). En revanche, deux interventions ne sont pas recommandées: la thérapie de remplacement des œstrogènes (niveau A2) et les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase (niveau B).
Interprétation : Des suggestions fondées sur des données probantes sont proposées, offrant aux cliniciens et aux intervenants des conseils à jour pour la prévention de la MA.
Avec leur Grade 3) et le pourcentage obtenu au cours du processus Delphi.
Nutrition
1a. Nous recommandons l’adhésion à un régime méditerranéen pour diminuer le risque de déclin cognitif. 1B (91%)
1b. Nous recommandons une consommation élevée d’acides gras mono et polyinsaturés et une faible consommation d’acides gras saturés, afin de réduire le risque de déclin cognitif. 1B (92%)
1c. Nous recommandons d’augmenter la consommation de fruits et légumes. 1B (88%)
Exercice physique
2a. Nous recommandons des interventions d’activité physique d’intensité au moins modérée pour améliorer les résultats cognitifs chez les personnes âgées. 1B (96%)
2b. Nous recommandons des exercices d’aérobie et / ou de musculation d’intensité au moins modérée pour améliorer les résultats cognitifs chez les personnes âgées. 1B (94%)
2c. Il existe des preuves prometteuses que les interventions de danse et les exercices corps-esprit (par exemple, le Tai Chi, le Qigong) à dose modérée améliorent les résultats cognitifs chez les adultes plus âgés, mais les résultats d’essais plus importants et de haute qualité sont nécessaires. 2B (84%)
3a. Nous recommandons des interventions d’activité physique impliquant des exercices d’aérobie pour améliorer les résultats cognitifs chez les personnes ayant une déficience cognitive légère (MCI). 2B (94%)
3b. Nous recommandons l’exercice aérobie pour améliorer les résultats cognitifs chez les personnes atteintes de MCI. 2B (94%)
3c. Il existe des preuves prometteuses pour recommander l’entraînement en résistance et les exercices corps-esprit (p. Ex., Tai Chi, Qigong) pour améliorer les résultats cognitifs chez les personnes âgées atteintes de MCI, mais les résultats d’essais plus importants et de haute qualité sont nécessaires. 2C (83%)
4. Nous recommandons des interventions d’activité physique pour réduire le risque de démence, y compris la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire. 2B (96%)
Audition
5a. Les personnes souffrant de troubles cognitifs, de MCI ou de démence (et leur partenaire de soins, s’il y en a un) devraient être interrogées sur les symptômes de la perte auditive pour améliorer les résultats cognitifs et réduire leurs risques. Il est recommandé de demander aux personnes si elles ont des difficultés à entendre dans leur vie de tous les jours (plutôt que de demander si elles ont une perte auditive). 1B (93%)
5b. Si des symptômes de perte auditive sont signalés, la perte auditive doit être confirmée par une audiométrie effectuée par un audiologiste conforme aux recommandations pour la pratique de l’audiologie. Si elle est confirmée, une rééducation audiologique peut être recommandée. Cette rééducation peut inclure des conseils et des techniques comportementales, et peut inclure ou non l’utilisation d’une prothèse auditive ou d’un autre appareil. 1A (98%)
6. Nous recommandons de suivre les lignes directrices de 2019 de l’Organisation mondiale de la Santé pour la réduction du risque de déclin cognitif et de démence 4), comprenant : (a) examen audiologique et/ou examen otoscopique ; (b) l’examen des médicaments pour une ototoxicité potentielle ; c) aiguillage vers l’oto-rhino-laryngologie pour les personnes atteintes d’otite moyenne chronique ou qui échouent à l’otoscopie. 1A (93%)
Sommeil
7a. Un historique minutieux du sommeil, y compris une évaluation du temps de sommeil et des symptômes d’apnée du sommeil, doit être inclus dans l’évaluation de tout patient à risque de démence. Les patients chez lesquels une apnée du sommeil est suspectée doivent être référés pour une polysomnographie et/ou une consultation auprès d’un spécialiste du sommeil afin d’envisager un traitement. 1C (96%)
7b. Les adultes souffrant d’apnée du sommeil doivent être traités avec une pression positive continue des voies respiratoires (CPAP), ce qui peut améliorer la cognition et réduire le risque de démence. 1C (96%)
7c. Éviter une privation de sommeil sévère (<5 heures) et cibler 7 à 8 heures de sommeil par nuit peut améliorer la cognition et réduire le risque de démence. 1C (94%)
7d. Bien qu’associés à l’incidence de déclin cognitif et à la démence, les preuves sont insuffisantes pour recommander le traitement de l’insomnie, de la longue période de sommeil, des siestes diurnes, de la fragmentation du sommeil, de l’irrégularité circadienne ou de la phase circadienne anormale dans le but d’améliorer la cognition et de réduire le risque de démence. 3C (90%)
Entraînement cognitif et stimulation
8a. Nous recommandons que, lorsqu’il est accessible, un entraînement cognitif individuel basé sur ordinateur et en groupe, basé sur des données empiriques, soit proposé aux personnes à risque et à celles qui ont un diagnostic de déficience cognitive légère ou de démence légère. Nous recommandons des études supplémentaires pour optimiser la prestation efficace de la formation et l’évaluation de leur rentabilité. Aucun programme spécifique ne peut être approuvé pour le moment. 1B (83%)
8b. Nous recommandons que les individus soient avisés d’augmenter ou de maintenir leur engagement dans des activités stimulantes sur le plan cognitif telles que des passe-temps stimulants sur le plan cognitif, le bénévolat et l’apprentissage de longue durée. Aucune activité particulière ne peut être suggérée pour le moment, mais les données suggèrent qu’il est préférable de s’engager dans une variété d’activités stimulantes sur le plan cognitif (plutôt que dans une seule). 1C (96%)
Engagement social et éducation
9a. Nous recommandons de prêter attention aux circonstances sociales et aux soutiens tout au long de la vie, y compris les stratégies de réduction de la pauvreté et les opportunités d’engagement social. 1B (90%)
9b. Nous recommandons un soutien pour le niveau de scolarité, en particulier dans la petite enfance (1B), mais aussi pour les expériences éducatives continues au milieu et à la fin de la vie. 1C (98%)
Fragilité
10. Nous recommandons que les interventions pour gérer la fragilité soient utilisées pour réduire le fardeau global de la démence chez les personnes âgées. 1B (81%)
Médicaments
11a. L’exposition à des médicaments connus pour présenter des propriétés hautement anticholinergiques doit être minimisée chez les personnes âgées. Des médicaments alternatifs doivent être utilisés pour des indications spécifiques où des médicaments ayant des propriétés anticholinergiques sont indiqués (par exemple, dépression, douleur neuropathique, incontinence urinaire de type par impériosité). 1B (100%)
11b. Évaluation multidimensionnelle de la santé des personnes âgées, y compris l’utilisation de médicaments, dans le but d’identifier les problèmes de santé réversibles ou modifiables et de rationaliser l’utilisation des médicaments. 1B (92%)