Par Dr Éric Maeker, Bérengère Maeker-Poquet • Publié le • Mis à jour le
Avec l'âge, le cerveau devient plus vulnérable aux effets de certains médicaments. Les récepteurs cérébraux qui contrôlent les mouvements diminuent naturellement au fil du temps. Résultat : des traitements bien tolérés à 50 ans peuvent provoquer des symptômes gênants après 75 ans.
Ces effets indésirables, appelés “syndromes extrapyramidaux” par les médecins, touchent le système qui contrôle nos mouvements. Ils ressemblent parfois à la maladie de Parkinson, ce qui crée de l'inquiétude dans les familles. Pourtant, contrairement à Parkinson, ces troubles sont souvent causés par un médicament et peuvent disparaître, ou sont susceptibles de s'améliorer, à son arrêt.
Le problème : ces effets restent méconnus et sont parfois confondus avec le vieillissement normal ou une maladie neurologique. Un diagnostic précis permet d'éviter des traitements inutiles et de retrouver une meilleure qualité de vie.
Quand apparaissent-ils ? Dans les premiers jours suivant l'introduction d'un médicament.
Comment les reconnaître ?
Pourquoi c'est important ? Ces spasmes sont impressionnants mais réversibles. Ils nécessitent une prise en charge rapide car, dans de rares cas, ils peuvent affecter les muscles de la gorge et gêner la respiration.
Quand apparaît-elle ? Quelques semaines après le début ou le changement de dose d'un traitement.
Comment la reconnaître ?
Pourquoi c'est important ? L'akathisie est souvent confondue avec de l'anxiété ou de l'agitation. Cette confusion peut conduire à augmenter le médicament responsable, aggravant ainsi le problème. Elle provoque une grande souffrance et peut mener à un état dépressif.
Quand apparaît-il ? Progressivement, dans les semaines ou mois suivant l'introduction du traitement.
Comment le reconnaître ?
Pourquoi c'est important ? Ces symptômes ressemblent à la maladie de Parkinson. Seul un médecin peut faire la différence. Le parkinsonisme médicamenteux est possiblement réversible ou améliorable.
Quand apparaissent-ils ? Après plusieurs mois, voire années de traitement.
Comment les reconnaître ?
Pourquoi c'est important ? Ces mouvements sont très gênants socialement et peuvent perturber l'alimentation. Ils sont plus difficiles à faire disparaître que les autres effets, d'où l'importance de les repérer tôt.
Même si vous suspectez qu'un médicament est responsable, l'arrêt brutal peut être dangereux. Certains traitements nécessitent un sevrage progressif.
Apportez la liste complète des médicaments, y compris ceux pris sans ordonnance. Le médecin pourra :
Dans certains cas, des examens complémentaires (imagerie cérébrale, scintigraphie) permettent de différencier un effet médicamenteux d'une maladie neurologique.
Dans une grande partie des cas, oui. Les symptômes s'améliorent progressivement à l'arrêt ou au changement du médicament responsable. Le délai de récupération varie de quelques jours à plusieurs mois selon le type de symptôme et la durée du traitement. Les dystonies aiguës disparaissent rapidement, tandis que les dyskinésies tardives peuvent mettre plus de temps à s'estomper, parfois partiellement.
Oui, malheureusement. Certains effets, notamment les dyskinésies tardives, apparaissent après des mois ou des années de traitement. Le risque augmente avec l'âge et la durée d'utilisation. C'est pourquoi une surveillance régulière reste importante, même pour des traitements anciens bien tolérés.
Seul un médecin peut faire cette distinction avec plus ou moins de certitude. Quelques indices orientent vers un effet médicamenteux : symptômes apparus après introduction d'un traitement, atteinte symétrique (les deux côtés du corps), présence de mouvements anormaux de la bouche. En cas de doute, une scintigraphie cérébrale (DAT-scan ou TEP scan 18F DOPA) permet de trancher.
Oui, certains anti-nauséeux comme le métoclopramide (Primpéran®) ou la métopimazine (Vogalène®) peuvent provoquer ces effets, surtout chez les personnes âgées. Leur utilisation doit être limitée dans le temps et surveillée. Prévenez toujours votre médecin si vous utilisez ces médicaments.
Expliquez calmement que ces tremblements ne sont probablement pas “normaux pour son âge” et qu'ils peuvent être traités. Proposez d'accompagner à une consultation de routine chez le médecin traitant sans mentionner spécifiquement les tremblements. Le médecin saura aborder le sujet. Si le refus persiste et que les symptômes s'aggravent, contactez vous-même le médecin pour signaler la situation.
Les neuroleptiques sont parfois nécessaires en EHPAD pour gérer certains troubles du comportement sévères. Cependant, leur prescription doit être justifiée, réévaluée régulièrement et la plus courte possible. Vous pouvez demander à rencontrer le médecin coordonnateur et le médecin traitant pour comprendre pourquoi ce traitement est prescrit et quelles alternatives ont été envisagées. La surveillance des effets indésirables fait partie des bonnes pratiques.
Les effets indésirables des médicaments sur les mouvements sont fréquents chez les personnes âgées et sont souvent méconnus. Tremblements, raideur, agitation ou mouvements involontaires apparus après un changement de traitement doivent toujours alerter.
Les 3 messages essentiels :
1. Observer et noter → Tout changement dans les mouvements ou la posture de votre proche mérite attention, surtout s'il coïncide avec un nouveau médicament.
2. Consulter sans tarder → Plus ces effets sont repérés tôt, plus ils sont faciles à traiter. N'attendez pas que la situation s'aggrave.
3. Ne jamais arrêter seul un traitement → Même si vous suspectez qu'un médicament est responsable, seul le médecin peut adapter le traitement en toute sécurité.
Votre vigilance compte : vous êtes aux premières loges pour observer les changements chez votre proche. Cette observation attentive, partagée avec l'équipe soignante, permet d'améliorer la qualité de vie et d'éviter des complications.
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