En pleine porte

Bérengère et Éric Maeker, 24 Mars 2018.

Petites histoires cliniques

Petites histoires cliniques
  • Les « petites histoires cliniques » relatent des rencontres, des discussions, des observations propices à entretenir la réflexion.
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  • Les lieux, les dates et les noms des personnes concernées par ces histoires sont volontairement exclus du récit pour en assurer la confidentialité.
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Le reflet du soleil matinal dans une goutte de rosée n’est pas moins éblouissant que le soleil lui-même. Le reflet de la vie dans notre âme n’est pas moins précieux que la vie elle-même.
Khalil Gibran

Mde F est accueillie dans un centre hospitalier pour une fin de vie. Son fils, Phi, l’accompagne, son esprit est torturé par le doute. Va-t-elle vivre ou mourir ? Après une longue discussion, il comprendra que les soins prodigués à sa mère sont d’ordre palliatif et l’aideront à passer le cap de la vie à la mort.

En plein mois de février, le soleil, caché depuis plusieurs semaines, fait enfin son apparition. La journée est belle, très belle. Une splendide journée pour rendre visite à sa mère confinée dans son lit d’hôpital. La route est agréable avec ses forêts en plein éveil et les gazouillis des oiseaux sont enfin audibles. Pour autant, la vie change, parfois sans crier gare, et la journée va prendre une tournure épouvantable.

En ouvrant la porte de la chambre de sa mère, Phi va vivre une terrible épreuve et apprendre le décès de sa mère dans la matinée. Quelle horrible façon d’apprendre une telle nouvelle en ouvrant la porte de la chambre d’hospitalisation de sa mère en début de journée et de constater la présence de plusieurs soignants au chevet d’une autre personne que celle qui est censée être là. Le monde s’arrête, sa respiration se bloque d’un coup, il est sidéré, foudroyé sur place. Rien ne l’a préparé à une telle découverte.

Mde F est décédée, dans la matinée, vers 05h30. Plusieurs appels ont été renouvelés sur le téléphone de Phi pour l’en avertir, sans aucun succès. Rien n’y a fait, personne n’a décroché. Des messages sont laissés sur le répondeur. 14h arrive. La journée bat de son plein, les équipes sont débordées. Aucun membre du personnel n’est présent pour veiller l’arrivée de Phi à l’entrée du service. Et Phi subira de plein fouet le choc terrible de la « découverte en chambre », « en pleine porte ». La mythologie des soignants regorge d’histoire de ce genre et pourtant, des décennies après qu’elles aient été racontées, l’histoire se répète, comme une inlassable malédiction.

Cette triste situation fait-elle partie des « impondérables » des structures hospitalières ? Existe-t-il un moyen pour éviter ce genre d’annonce ? Pour sûr, chacun s’accordera sur le fait que personne ne souhaite avoir à subir une telle épreuve.

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