Aidant Alzheimer : 4 résolutions bienveillantes pour 2025 #

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Pourquoi des résolutions bienveillantes plutôt que contraignantes ? #

L'accompagnement d'une personne vivant avec une maladie de la mémoire représente un engagement quotidien intense. À l'approche de la nouvelle année, plutôt que des résolutions contraignantes (qui tombent dans l'oubli dès février), nous vous proposons quatre pratiques concrètes et bienveillantes. Ces suggestions visent à enrichir la relation d'accompagnement et à préserver l'équilibre personnel de chacun. Petit à petit, une marche à la fois, vous pouvez intégrer ces pratiques dans votre quotidien. Un peu chaque jour, elles enrichissent le bien-être tant de la personne accompagnée que de l'aidant. Et pour les “jours sans”, laissez filer et revenez le lendemain.

1. Créer des moments de qualité au quotidien #

La création de rituels quotidiens apporte structure et sérénité dans la journée. Chaque matin, ou chaque samedi matin, prenez le temps de partager un café ou un thé ensemble, sans autre activité. Ce moment privilégié offre l'occasion d'échanger quelques mots, de regarder par la fenêtre ou juste d'être présent l'un pour l'autre. Cette parenthèse favorisera une connexion précieuse pour le reste de la journée. Installez-vous dans un endroit calme et lumineux de la maison, peut-être sur une table près de la fenêtre pour observer le réveil du quartier, entendre les oiseaux, voir les voisins qui promènent leur chien ou s'amuser du chahut des enfants qui partent à l'école.

La préparation du café ou du thé se révèlera un moment de partage (non obligatoire). Les gestes familiers, les odeurs réconfortantes, l'environnement sécurisant créeront une atmosphère apaisante. Certains apprécient d'accompagner ce moment avec une petite musique douce en fond sonore, tandis que d'autres préfèrent le calme du matin.

Laissez ce rituel s'adapter de lui-même aux saisons : une boisson chaude réconfortante en hiver, un jus de fruit rafraîchissant en été. L'important est dans la régularité et le plaisir de cet instant suspendu. Inutile d'en faire un temps de conflit, reportez-le au lendemain si nécessaire. Au fil des semaines, ce rendez-vous quotidien (ou hebdomadaire) deviendra le phare du rivage.

Ces instants privilégiés soutiendront une connexion émotionnelle, même quand les mots seront plus rares.

2. Adopter la respiration comme nouvel allié #

La respiration est un outil simple et efficace pour gérer les moments d'intensité émotionnelle. Lors du réveil ou du coucher ou à l'occasion du repas, accordez-vous chaque jour deux minutes de cohérence cardiaque ou de simple respiration consciente : inspirez pendant 5 secondes, puis expirez pendant 5 secondes. Cette pratique vise à harmoniser le rythme cardiaque et apaiser l'esprit. Cet exercice accessible qui s'effectue assis dans une position confortable, seul ou même en présence de votre proche ou d'amis voire de collègues, est simple, sans contrainte et efficace. Gardez tout votre esprit concentré sur l'air qui entre et sort de vos poumons et laissez le reste s'évanouir pour quelques instants.

Choisissez un moment propice dans votre journée où vous serez le moins dérangé. Un temps où la maison est calme, l'esprit encore libre des préoccupations quotidiennes ou le soir pour déposer les tensions accumulées et se préparer à une nuit réparatrice.

Imaginez le trajet de l'air : il entre par votre nez, descend dans votre poitrine qui se soulève doucement, puis repart, emportant avec lui les tensions. Comme une vague calme qui monte et descend au rythme du souffle. Trop compliqué ? Comptez : “un, deux, trois, quatre, cinq” à l'inspiration comme à l'expiration.

La respiration est une véritable ressource, un point d'ancrage en soi.

3. Tenir l'album des souvenirs heureux #

Encore plus simple ? Créez un “carnet des petites joies” où noter selon votre envie un moment agréable partagé avec votre proche. Tous les jours, toutes les semaines, n'importe quand, peu importe. Le carnet vivra sa petite vie et vous pourrez vous reconnecter à ces moments quand bon vous semble, le dimanche midi après le repas par exemple, ou lors des moments difficiles de la vie. Chaque page du carnet raconte un moment heureux, de tendresse, de retrouvailles… S'inscrivent une anecdote légère, un sourire complice, une promenade lumineuse… Cette collection de souvenirs positifs devient une ressource précieuse tant pour les instants de troubles que pour un suivi sur le long cours (sur plusieurs années). Elle concrétise un peu mieux la richesse des relations malgré les vicissitudes de la maladie.

Illustrez votre carnet avec des scènes de vie (photographies, dessins, peintures) bien choisies comme de grands panoramas du quartier ou de votre plage/montagne préférée, ajoutez les devantures animées de boutiques, des automobiles d'époque, les marchés de Noël, des événements notables (opéra, concerts, restaurants), etc. Et surtout, surtout, réservez un album distinct pour les photos de famille, où chaque portrait s'accompagne d'un prénom et d'un lien familial. Cette organisation rend les échanges plus agréables. En le relisant, laissez parler les souvenirs.

4. Activer son réseau de soutien #

Où en est votre réseau de soutien ? Organisez-vous des rendez-vous avec des gens de confiance ? Ces temps d'échange réguliers maintiennent les liens sociaux essentiels et offrent un espace pour partager des expériences, des “bons plans” et des “bonnes adresses”. Une fois par mois, planifiez ces rencontres à l'avance dans votre agenda. Vous pouvez les adapter à vos envies : une promenade dans un parc, un café en terrasse, un déjeuner au restaurant ou une conversation téléphonique. L'important, c'est la régularité et la qualité de l'échange. Choisissez un lieu qui favorise une conversation détendue, sans contrainte de temps.

Votre réseau se compose de plusieurs cercles. La famille, les amis proches, les voisins bienveillants et d'autres personnes qui vivent une situation similaire. Chacun apporte un soutien différent et précieux. Un ami d'enfance vous rappelle qui vous êtes au-delà de votre rôle d'aidant. Un voisin attentif propose son aide pour les courses.

C'est dans la régularité de ces échanges que se tisse le filet de sécurité invisible qui vous soutient au quotidien. Vous pouvez aussi vous appuyer sur les associations locales qui proposent des groupes d'échange et des activités collectives. Rencontrer des gens, c'est la clé. Même si c'est parfois très difficile.

 

Questions fréquentes

Par quelle résolution commencer si je manque de temps ?

Commencez par la cohérence cardiaque : 2 minutes par jour, n'importe où, n'importe quand. C'est la plus simple et celle qui apporte les bénéfices les plus rapides sur le stress. Ajoutez les autres progressivement, une par mois par exemple. Pas de pression, pas de culpabilité.

Que faire si je n'arrive pas à tenir ces résolutions ?

Ce ne sont pas des obligations mais des suggestions. Si vous oubliez un jour, une semaine, un mois : reprenez simplement le lendemain. Adaptez-les à votre réalité : un café par semaine plutôt que par jour, 1 minute de respiration plutôt que 2. L'important est la direction, pas la perfection.

Mon proche refuse le rituel du café, comment faire ?

Ne forcez jamais. Proposez une alternative : thé, chocolat chaud, jus de fruit, simple moment assis ensemble. Testez différents horaires. Si refus persistant, abandonnez temporairement et tentez dans quelques semaines. Le rituel doit rester un plaisir partagé, jamais une contrainte.

Le carnet des petites joies : que noter quand les journées sont difficiles ?

Notez même les micro-moments : un sourire fugace, un rayon de soleil, un oiseau à la fenêtre, une main serrée. Les jours difficiles méritent aussi leurs petites lueurs. Et certains jours, ne rien noter est acceptable. Le carnet est un allié, pas un juge.

Je me sens coupable de prendre du temps pour moi avec mon réseau, est-ce normal ?

Oui, c'est fréquent mais injustifié. Prendre soin de vous n'est pas de l'égoïsme, c'est une nécessité pour continuer à accompagner votre proche. Un aidant épuisé ne peut plus aider personne. Votre bien-être conditionne la qualité des soins que vous prodiguez. Autorisez-vous ces pauses vitales.

 

À retenir : progresser en douceur, sans pression #

Ces pratiques concrètes s'inscrivent dans une approche progressive et bienveillante de l'accompagnement. Leur mise en place demande du temps et de la patience. L'essentiel réside dans la régularité plutôt que dans la perfection. Ces petits changements, intégrés en douceur dans le quotidien, enrichissent la relation d'accompagnement et contribuent à un meilleur équilibre pour tous. N'hésitez pas à adapter ces suggestions selon vos préférences et votre situation personnelle.

Références #

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À propos des auteurs

Dr Eric MAEKER
Dr Eric MAEKER
Médecin Gériatre
Médecin gériatre et psychogériatre, spécialisé en soins palliatifs gériatriques. Fondateur et président de l'association Emp@thies dédiée à l'humanisation des soins. Membre des comités pédagogiques de l'Université Sorbonne. Auteur de publications scientifiques sur l'empathie médicale, les troubles neurocognitifs et la communication thérapeutique. Directeur de plus de vingt mémoires universitaires.

Bérengère MAEKER-POQUET
Bérengère MAEKER-POQUET
Infirmière Diplômée d'État
Infirmière diplômée d'État avec plus de quinze ans d'expérience hospitalière. Co-fondatrice et secrétaire de l'association Emp@thies. Co-auteure de publications scientifiques sur l'empathie médicale, l'annonce diagnostique et les soins centrés sur la personne. Formatrice en soins relationnels et accompagnement humaniste des personnes âgées.

 

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